Évacuation de la ville de Charleville (1939-1940)

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Un dossier passionnant a été déposé par la ville de Charleville-Mézières venant compléter le dépôt conservé aux Archives départementales.

Cet ensemble de documents a été produit lors de la rédaction du plan d’évacuation de la ville en 1939 et plus précisément par la commission régulatrice de transports d’évacuation et de repliement n° 4. Certaines pièces précisent les consignes à respecter pendant le transport des évacués par le train :  

« Aux haltes-repas (H.R), le chef de convoi renseigne les autorités sur le nombre exact de femmes et d’enfants du train ; avec l’aide de son personnel il prête son concours aux autorités civiles et militaires de la gare pour que chaque évacué reçoive les aliments qui lui sont réservés et qu’il n’y ait pas d’oubliés. » (note du 16 décembre 1939).

On trouve aussi des tableaux indiquant pour chaque commune du canton de Charleville le nombre d’habitant, la gare d’embarquement et le « canton de correspondance » en Vendée en cas d’ « évacuation éventuelle ». D’autres tableaux mentionnent le chiffre exact de la population réfugiée à héberger par commune d’accueil. Un courrier émouvant du maire d’Argenton-Château (Deux-Sèvres) au maire de Charleville précise : « Le comité d’accueil […] fera tout ce qu’il pourra pour installer [les évacués] dans les meilleures conditions possibles. […] mais je crois utile de vous demander d’insister auprès de votre population pour que chacun apporte au moins une couverture » (le soulignement est dans le texte) (16 mars 1940). Le préfet s’inquiète pour sa part de la dispersion des évacués en 79 communes que prévoit le plan d’accueil établi par son confrère des Deux-Sèvres (16 mars 1940). Le dossier comporte aussi une affiche relative à un hôtel meublé à Semur-en-Auxois (Côte d’Or) avec des annotations indiquant que l’on a pris des précisions sur les capacités d’accueil.

Des listes nominatives viennent compléter l’ensemble indiquant l’âge, le mode de transport (couché (malade ou maternité), assis), la rue et le numéro de l’immeuble où résident les personnes à évacuer. Une autre liste indique la liste des malades, des vieillards, des enfants de l’orphelinat, des pensionnaires des maisons de retraite et des employés.

Une lettre du préfet au maire de Charleville vient particulièrement toucher le cœur des archivistes : il demande de préciser l’emplacement actuel des archives, leurs poids, leur volume, les moyens de transport prévus et le temps prévu pour l’enlèvement…Nous sommes le 10 janvier 1940 peu de temps avant les bombardements du mois de mai qui viendront détruire une bonne part des fonds des Archives départementales…

EDEPOT/CHARLEVILLE/5H 266