Un lit qui a connu un célèbre séant
Acte de notoriété établissant l'identité d'un lit sur lequel Napoléon Ier a couché en revenant de Waterloo le 19 juin 1815
Un acte de notoriété est un document par lequel un officier public recueille des témoignages en vue d’établir une circonstance ou un fait matériel qu’un grand nombre de personnes ont pu constater, dont ils ont pu avoir connaissance ou qui leur ont semblé avérés. Cet acte est établi par un notaire et signé par les témoins. Aujourd’hui, il est principalement utilisé pour ce qui concerne les droits de succession.
Ici, c’est l’étude de Maître Sinet à Maubert-Fontaine, du canton et de l’arrondissement de Rocroi, qui a rédigé cet acte qui date du 28 décembre 1844. Les témoins sont Louis Dodot, ancien notaire (propriétaire) et Jean Baptiste Alexandre Jacquemart (menuisier). Le propriétaire du lit est Georges Gaillard (garde général des Forêts et collectionneur d’antiquités). Il possède également une table de nuit utilisée par Napoléon Ier pour y poser son épée et son bicorne. Pierre Cochinard (propriétaire), ancien propriétaire de l’Hôtel du Grand Turc, atteste ces faits :
Napoléon arriva vers 17h à l’hôtel accompagné de son frère le prince Jérôme, le maréchal Ney et quelques officiers. Après le repas, Napoléon se reposa sur le lit jusqu’à 23h, moment où les chevaux demandés arrivèrent. C’était le premier moment de repos de ces personnes depuis la défaite de Waterloo.
Cet événement fut relaté par deux pancartes dans la chambre, et suscita de nombreuses visites de voyageurs « de tous pays et de toutes conditions ». Parmi les personnes qui attestent ce fait figurent plusieurs habitants et le militaire qui garda la porte de l’hôtel. L’acte de notoriété a donc permis au lieu de connaître une petite notoriété et a certainement fait monter le prix de ce mobilier.
En 1909, Louis Serbat (1875-1953), archiviste paléographe, secrétaire général de la Société française d'archéologie et président de la société des antiquaires de France, acquiert le mobilier désormais authentifié lors d’une vente aux enchères. Après la Seconde Guerre mondiale, il se retire au château de Laàs (Pyrénées-Atlantiques) qu’il transforme intérieurement dans le but d’y placer ses collections. Aujourd’hui ce château est un musée départemental et accueille toujours la collection des époux Serbat. Les visiteurs peuvent y voir le lit et les certificats.
Vous pouvez le consulter sous la cote 1J 472.