Réfractaires au STO : 1861 dossiers individuels versés
L'Histoire de la Seconde guerre mondiale à travers les archives de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG)
Afin de participer à l’effort de guerre allemand et compenser le manque de main-d’œuvre, l’Allemagne nazie met en place la réquisition de travailleurs français. Instauré officiellement le 16 février 1943 (mais la conscription obligatoire est prévue par la loi du 4 septembre 1942), le Service du travail obligatoire (STO) réquisitionne et transfère vers l’Allemagne des travailleurs : plus de 600 000 hommes et femmes sont ainsi acheminés pour travailler au service des Allemands.
Le service départemental des Ardennes de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, en charge notamment de l’attribution de cartes et de titres liés aux guerres, vient d’effectuer un versement intéressant aux Archives départementales : celui des dossiers de titre de réfractaire au STO. Ce titre est délivré, après constitution d’un dossier de demande, aux travailleurs réquisitionnés par le STO qui ont refusé de répondre à l’ordre de réquisition, se sont évadés de leur lieu d’affectation, se sont soustraits à la réquisition ou ont vécu dans la clandestinité.
Le versement représente 1861 dossiers individuels d’attribution et de rejet, classés par ordre alphabétique des noms de famille des demandeurs et couvre la période 1944-2003. Les dossiers sont constitués de formulaires, de courriers de demande, de relance et de réponse, de photographies, de copies de pièces d'état civil, de fiches d'état civil, d’attestations diverses (d’employeurs, de mairies, de particuliers ayant hébergé ou caché le demandeur), de procès-verbaux de gendarmerie, d’états de service, parfois de fausses cartes d'identité ou bien encore de passeports allemands pour travailleurs étrangers. Une base de données, constituée par l’ONACVG, a été réalisée pour permettre une recherche aisée d’un dossier.
À travers ces archives, c’est le destin de plus de 1800 Ardennais sous l’Occupation qui intéressera le lecteur d’aujourd’hui et de demain.
Toutefois, les dossiers ne sont pas librement communicables avant un délai de 50 ans, en respect du secret de la vie privée et conformément au Code du Patrimoine. Ces dossiers peuvent néanmoins être communiqués aux intéressés eux-mêmes ou sur dérogation instruite par les Archives départementales et accordée in fine par le Service interministériel des Archives de France.