Administrer son douaire
Lettre autographe de Catherine de Clèves adressée au grenetier de Château-Porcien, 1568
Ce document a rejoint nos collections en 2024 grâce au mécénat de la Société d’Histoire des Ardennes. Il est inventorié sous la cote 1J1573 aux Archives départementales des Ardennes.
Catherine de Clèves, duchesse de Guise (1548-1633) est fille de François de Clèves, duc de Nevers et de Marguerite de Bourbon. Elle épouse le 4 octobre 1560 le prince de Porcien, Antoine de Croÿ. Ce dernier décède en 1567, Catherine n’a alors que 19 ans. En 1570, elle épouse en secondes noces Henri de Lorraine dit le Balafré (1549-1588), duc de Guise. Avant l’assassinat du duc à Blois, 14 enfants naissent de leur union dont la moitié atteint l’âge adulte. En 1578 elle est compromise dans une affaire de galanterie. N’ayant pas pardonné l’assassinat de son mari à Blois en décembre 1588 par la garde personnelle du roi Henri III, elle approuve l’assassinat de ce dernier en août 1589. Elle défend jusqu’à son décès les intérêts de la Maison de Guise.
Le grenetier est l’officier du grenier à sel. Sous l’Ancien Régime, il juge en première instance les litiges relatifs à la gabelle, l’impôt associé à son commerce. Le Rethélois est pays dit de « franc salé » c’est-à-dire qu’il peut prendre une certaine quantité de sel à la gabelle sans payer la taxe afférente. En comparaison, Reims est situé en pays de grande gabelle et Sedan est une zone franche, donc exemptée. Le grenier à sel de Château-Porcien a été institué en 1397. À partir du XVIe siècle, le grenetier est déchargé de ses activités commerciales et fiscales pour se consacrer aux fonctions de police et justice.
Ici, Catherine de Clèves administre son douaire, l’usufruit attribué à une veuve) en Porcien après son récent veuvage et s’adresse à son grenetier nommé Simonnet :
« Grenetier vous recevrez aveq cestre lettre ladvis de mon conseil sur ce que avez averti par deçà pour le faict de mon douaire. Je vous prye bien fort estre content soigné de lexécution comme vous avés esté cydevant et coupper le plus qu’il vous sera possible le chemyn a la longueur dont l’on veut estre ce que ferai de sorte qui augmentera la bonne volonté que jay de bien plus en votre endroict laquelle vous trouverez en toutes occasions toute disposition à vous faire plaisir. Priant Dieu grenetier qu’il vous ayt en sa garde.
la bien V[ôt]tre
Katerine de Cleves »