Carnet de guerre d’Henri Walfard
Habitant de Vouziers, 1914-1945
Ce petit carnet a été confié aux Archives départementales des Ardennes au printemps 2024 dans le cadre des commémorations des 80 ans de la Libération et de l’appel à collecte de documents relatifs à cet épisode de l’histoire contemporaine. Il est consultable sous la cote 1J 1586.
Le carnet de 38 pages contient des notes manuscrites de Charles Henri Armand Walfard entre la période 1914 et 1945. Henri Walfard est né à Bazancourt (Marne) le 10 juin 1873 d’un père contre-maître de filature et d’une mère sans profession. Il est négociant en vin à Vouziers. Il épouse Madeleine Virginie Angélique Julie Gandon le 4 juin 1901 à Châtillon-sur-Marne. Il décède à Vouziers le 1er mars 1950. Madeleine est quant à elle née à Laon (Aisne) le 29 juillet 1878. Son père est vétérinaire au 29ème d’artillerie en garnison à Laon. La profession de sa mère n’est pas indiquée dans le registre d’état civil. Il décède à Vouziers le 6 novembre 1962. Le couple a trois enfants nés à Vouziers : Marie-Louise, née en 1902, Paul, né en 1903 et Marguerite née en 1905. C’est en 1919 que Henri revient définitivement à Vouziers après avoir accomplis ses devoirs militaires. Lors du recensement de 1936, son frère Fernand Léon Walfard (né en 1875) habite avec le couple. Il est également négociant en vin. Une domestique vit également avec eux, Juliette Lucie Navelot née en 1912.
Les premières pages concernent le récit de l'évacuation en août-septembre 1914 de son épouse Madeleine entre le 29 août et le 8 septembre 1914. Le récit s’arrête à Corbigny (Nièvre). Ensuite Henri Walfard note son parcours à partir du 31 juillet 1914, ses incorporations et ses permissions jusqu’en fin d’année 1918 (il n’y a rien d’indiqué pour l’année 1915). À la date du 10 janvier 1919 il inscrit « Libération ! ».
Le carnet reprend au 10 mai 1939. Il inscrit certaines attaques ou mouvements puis note au jour le jour son évacuation de Vouziers et son retour. Il n’inscrit rien pour 1941 et 1943. Pour 1944, il mentionne certains évènements puis le récit de la libération de Vouziers le 31 août 1944 et les jours qui suivent. Ce récit permet d’appréhender les conditions de vie de la population notamment ses liens avec l’extérieur : téléphonie, poste, gare, route et pont. L’avant-dernière page du carnet est consacrée à la taille de ses trois enfants entre 2 et 17 ans. La dernière page retrace brièvement son parcourt militaire. Enfin, est collé sur la page intérieure de la couverture, un plan plié dessiné à la main et retraçant les étapes de l’évacuation de 1939 et notamment le retour depuis Fouras (Charente-Maritime).
Le carnet de Henri Walfard traite de plusieurs moments importants de sa vie et de celle de sa famille. Il correspond à ce que son auteur voulait garder en mémoire, ici une succession d’évènements de son quotidien. Il ne fait pas mention de ses ressentis ou émotions contrairement à certains autres carnets rédigés à la même époque. Aujourd’hui ce type de source issue des archives privées a entièrement sa place parmi la documentation disponible pour la recherche historique au même titre que les écrits du for privé, même s’il faut bien sûr conserver un esprit critique comme pour chaque source historique.
D’autres récits manuscrits rédigés durant les conflits armés sont conservés aux Archives départementales des Ardennes. De soldats ou de civils, ces carnets sont la plupart du temps donnés par les héritiers et rejoignent les fonds d’archives privées.