René-Louis Victor de La Tour du Pin

René-Louis Victor marquis de La Tour du Pin (1779-1832) est lié aux Ardennes par sa mère, Louise Charlotte de Béthune, descendante de la famille Crozat qui a été propriétaire du château de Thugny pendant une partie du XVIIIesiècle. Celui-ci y passe son enfance avant de s’engager, comme sa naissance noble le prédestinait, dans l’armée royale où il sert en qualité d’officier. Après la chute du Premier Empire et le rétablissement de la dynastie des Bourbons, il décide de s’engager en politique. D’abord élu député de Haute-Saône, il est ensuite élu député des Ardennes à la suite de son beau-père, Tatius Rodolphe Gilbert de Salis (1752-1820), qui a occupé le siège de député du deuxième arrondissement électoral des Ardennes de 1816 à sa mort. Il conserve son siège jusqu’aux élections législatives de 1824 à l’issue desquelles il est battu.

Dans les premiers mois de son mandat entre septembre et décembre 1820, il adresse quatre lettres, datées de son château de Thugny, au baron Édouard Mounier (1784-1843), pair de France et conseiller d’État. Dans celles-ci il expose sa situation personnelle et se justifie vis-à-vis de calomnies dont il a été victime sur son positionnement politique au cours de la campagne électorale. Se proclamant fidèle soutien du roi, il met particulièrement en avant la loyauté que sa famille a traditionnellement observée envers le roi et sa propre fidélité à la monarchie pendant les événements révolutionnaires et de l’Empire. Il avance ses soutiens, notamment le duc de Richelieu alors de nouveau président du Conseil des ministres depuis février 1820. Il le remercie également pour son soutien dans sa nomination en tant que président du collège électoral de Vouziers. Ses lettres sont particulièrement précieuses car les sources de l’histoire politique locale au XIXe siècle manquent cruellement en raison de la perte des archives préfectorales conservées dans la série M en mai 1940.

René-Louis Victor marquis de La Tour du Pin meurt à Paris en 1832 mais est enterré à Thugny où un obélisque, visible encore aujourd’hui dans le cimetière entourant l’église, honore sa mémoire. Il avait épousé en 1803 la princesse Honorine de Monaco, petite fille du prince Honoré III. Cette alliance matrimoniale lie une nouvelle fois les Ardennes à la famille Grimaldi dont le patrimoine s’était enrichi du duché de Rethel-Mazarin, comprenant évidemment la seigneurie de Thugny, après le mariage de Louise d’Aumont avec le fils aîné d’Honoré III, le futur Honoré IV.