La Charte de Mézières
À l’occasion du 50e anniversaire de la fusion des communes de Charleville, Étion, Mézières, Mohon et Montcy-Saint-Pierre, les Archives départementales des Ardennes mettent en lumière tous les deux mois un document emblématique issu des fonds d’archives de ces cinq communes.
Le premier document mis à l’honneur est la charte de Mézières. Elle consigne les devoirs, les droits et privilèges accordés en 1233, par le comte de Rethel Hugues III, alors suzerain de la ville, aux bourgeois de Mézières. Elle est rédigée en latin sur un parchemin c'est-à-dire une peau d'animal (mouton, chèvre, agneau ou veau), grattée, amincie et rendue imputrescible. Elle porte, appendu, le sceau du comte de Rethel, gage de son authenticité.
Cette charte précise les taxes et impôts que les habitants doivent verser au comte. Ils doivent par exemple verser tous les ans en octobre à la fête de Saint Remy deux sous au seigneur ou financer la moitié des frais de construction des fortifications de la ville. Ce texte donne aussi le droit aux bourgeois d’élire des échevins. Il fixe également le montant des amendes : « 50 livres pour les blessures à armes avec effusion de sang dans l’intérieur du château supérieur, 60 sous pour blessures faites sans armes et 15 sous pour coup donné sans effusion de sang ».
Cette charte donne enfin des droits surprenants pour un carolomacérien du XXIe siècle comme celui de pouvoir « prendre femme partout où il voudra, mais il est défendu aux bourgeois dudit Mézières d’épouser aucune femme placée dans la dépendance du châtelain de Mézières ou du seigneur d’Orchimont ».
Plus largement, cette charte est conservée dans le fonds des archives communales de Mézières, déposées aux Archives départementales. Elle s’inscrit dans le cadre des créations des communes et des franchises communales du XIIe-XIIIe siècles, c’est-à-dire des libéralités accordées par un seigneur féodal ou ayant autorité sur un territoire à une communauté d’habitants.
La charte de Mézières s’inscrit dans le sillage de la charte de Beaumont-en-Argonne, datant de 1182 et concédée par Guillaume de Champagne, archevêque de Reims. Elle est suivie de beaucoup d’autres parmi lesquelles on trouve celle de Tagnon, de 1246, et celle de Rethel, de 1253, toutes deux accordées elles aussi par les Comtes de Rethel.
Retrouvez dans deux mois un nouveau document extrait des archives communales de Mohon.