Une ardennaise à la longévité exceptionnelle

Marie-Angélique Dubois du Miret

Marie-Angélique Dubois (1705-1812)

Marie-Angélique Dubois du Miret est née le 15 mai 1705 à Charleville. Elle est la fille de Nicolas Dubois de Crancé, directeur de la manufacture d'armes de Charleville et de Idellette Fournier. Elle épouse le 21 février 1730 Edmond Coulon, grand-Maître des Eaux et Forêts de la généralité de Metz, issu d’une lignée de maîtres de forge des Ardennes. De cette union naquit un fils, Jean-Baptiste Coulon, né le 8 juillet 1731, qui fut d’abord adjoint de son père avant de lui succéder à sa mort en 1787. Il fut le dernier titulaire de cet office à la Révolution.

Marie-Angélique survécut 25 ans à la mort de son mari et 5 ans à celle de son fils puisqu’elle décéda le 30 avril 1812 à l’âge de 106 ans 11 mois et 15 jours.  Elle a ainsi détenu le record de longévité authentifié jusqu’en 1872. Elle habitait et est décédée à Belval dans son château de la Grange-aux-bois. Cette propriété, ancienne ferme fortifiée au XVIe siècle, était la propriété de son mari depuis le XVIIe siècle. Sa petite fille Angélique raconte dans ses mémoires : " Elle était très belle, sa santé fut toujours inébranlable ; elle était encore de ce monde au moment de 1811, mais aveugle à peu près et sourde depuis deux ans. On lui cacha les malheurs du temps, et elle ignora toujours la mort du Roi et de la Reine ; elle s'éteignit doucement, laissant le souvenir d'une bonté et d'une beauté parfaites, jointes à une grande énergie physique et morale ".

Les archives de la famille Coulon étaient conservées aux Archives départementales depuis 1913. Données par Max Fidry, elles provenaient du château de Singly. Ce fonds très riche a malheureusement disparu en 1940.

Le Journal de Lyon et du Rhône du 26 mai 1812 écrit à son décès : « Madame Coulon vient de mourir à Charleville, département des Ardennes, à l'âge de cent-sept ans. En 1715, elle vit Louis XIV à son retour de la campagne de Flandre : en 1717, elle offrit des fleurs au Czar Pierre-le-Grand, qui logea à Charleville dans la maison de son père ; et vers la fin de sa carrière, en 1804, elle a vu l'Empereur Napoléon au moment où il arrivait des départements de la Belgique. M. Coulon, son mari, est mort doyen des grands-maître des eaux et forêts de France ; et le seul fils qu'elle ait eu, a été officier dans les mousquetaires, chevalier de Saint-Louis, et aide de-camp du prétendant. Cette dame a conservé sa présence d'esprit jusqu'au dernier moment ; son caractère aimable et ses vertus l'avaient rendue chère à tous ceux qui avaient le bonheur de la connaître. ». Les archives de la guerre notent : Ses descendants détiennent un pastel la représentant. Le portrait de son fils Jean-Baptiste, qui a hérité de la charge de GrandMaître des Eaux et Forêts de son père, a été peint par Elisabeth Vigée Le Brun en 1774. Elle avait pour cousin issu de germain, le constituant et montagnard Edmond Dubois-Crancé. De nombreux documents nous relatent la vie et l'action de cette riche famille de Maîtres de Forges et d'armuriers. Victor Fournier le grand-père d’Angélique est le fondateur de le manufacture royale d'armes de Nouzonville. Son beau-père, Gérard Coulon, maître de forges, était commissaire de l'Artillerie de Louis XIV. Les Fournier reçurent en leur demeure Pierre 1er de Russie lors de son passage à Charleville. Les forges des Coulon ont fourni des tuyaux en fonte pour alimenter les fontaines de Versailles et de Marly qui ont été en service jusque dans les années 2000 et ont été récemment remplacées par la société Pont-à-Mousson.

Jean-Baptiste Coulon Acte de décès