Collecte des archives des Ardoisières de Rimogne
L’or bleu des Ardennes 26 juin 2013
L’Ardenne, ce n’est pas seulement le Fer et la Forêt, mais c’est aussi l’Ardoise et Rimogne, petite commune située sur le plateau de Rocroi. Autrefois, village important pour avoir été un des plus grands bassins ardoisiers français et cela dès son origine.
Rimogne a gardé la mémoire de l’ardoise : une chose vénérable, fruit du travail de la nature, univers inchangé depuis deux cents ans. Une tradition et un savoir-faire ardennais, aujourd’hui révolus mais encore bien présents dans le quotidien, l’environnement et la vie culturelle. De bonnes raisons d’associer l’ardoise à l’Ardenne.
Dans les Ardennes, la première exploitation de l'ardoise, autrefois appelée écaille, remonte à 1158. Elle se fait alors à ciel ouvert et ce sont les moines des abbayes de Foigny, de Bonnefontaine et de Signy qui exploitent ces ardoisières. En 1779, Jean-Louis Rousseau crée la Compagnie des ardoisières de Rimogne. Le 14 octobre 1831 est fondée la Compagnie des ardoisières de Rimogne et de Saint-Louis-sur-Meuse, les parts de la société sont réparties entre les membres de la famille Rousseau. La compagnie rachète les autres exploitations concurrentes : celles de Truffy et Pierka créée en 1836, celle de la Fosse aux Bois créée en 1839, celle de la Rocaille en 1840 et celle de la Richolle en 1842. Le rendement de toutes les exploitations de Rimogne s'élève à 51 200 000 ardoises.
Cette entreprise emblématique du département des Ardennes, a contribué à l’essor et à la prospérité de Rimogne. L’exploitation des gisements connut son apogée jusque dans les années 1960. En 1965, la Compagnie rachète encore la société des ardoisières de Fumay où travaillent environ 150 personnes. Léon Voisin, géomorphologue Ardennais, écrira à ce sujet: « Faute de réussir la modernisation souhaitable, sinon nécessaire, il est possible d'imaginer que la Compagnie, devenue une société à responsabilité limitée (SARL) a voulu, en 1965, assurer son avenir en éliminant définitivement toute concurrence proche par le rachat de la Renaissance et de Saint-Joseph à Fumay ».
L'exploitation de l'ardoise connaît toutefois ses dernières années. La société dépose le bilan en 1969. Après Fumay, en avril 1971, la dernière fosse en activité de Rimogne, la fosse Truffy ferme à son tour quelques semaines plus tard. 1971 est l'année où toutes les installations encore en activité ferment.
L'exploitation de l'ardoise perdure avec la production de broyage et de granulats par la SICA (Société industrielle et commerciale ardennaise). Cette société avait été ouverte en 1934 par la Compagnie. L'usine est installée dans d'anciens ateliers déjà acquis par la société depuis 1919, située à la sortie de la ville. La SICA exploite pour le compte de l'ADR (Ardoisières De Rimogne et de Saint Louis sur Meuse) de la poudre et paillettes d'ardoise.
Au total, ce sont plus de 250 mètres linéaires qui ont été collectés les 11 et 18 juin 2013 par les Archives départementales des Ardennes. Ce fonds enregistré sous la cote 104J représente une masse documentaire extrêmement riche et homogène.
La collecte a mobilisé des moyens humains et matériels conséquents lors de chaque déplacement, ce qui augure un des plus importants fonds entrés aux Archives départementales.
Autant de documents qui attestent du patrimoine industriel des scailtons dans les Ardennes. Autant d’archives dont l’intérêt outrepasse l’histoire locale pour s’intégrer à l’histoire économique nationale du XVIIIe au XXe siècle.
Cote du document en vignette : 104J