Trois nouvelles protections pour les objets mobiliers ardennais
La Commission régionale du patrimoine et de l’architecture, réunie le 16 juin 2023, a adopté à l’unanimité la protection de trois nouveaux objets mobiliers qui a été sanctionnée par un arrêté signé le 22 septembre 2023. Il s’agit de trois objets actuellement conservés dans le bureau du maire de l’hôtel de ville de Mézières et qui présentent tous trois un intérêt artistique et historique.
Le premier est un Portrait de Bayard, huile sur toile réalisée en 1626 par les peintres Laurent Lévesque et Jean Mahault à la suite de la commande faite par les édiles de Mézières pour l’installer au sein de l’hôtel de ville.
Le chevalier Pierre Terrail, seigneur de Bayard (1475-1524) est représenté en buste et en cuirasse. Son bras gauche est posé sur une table recouverte d’un tapis rouge et tient son casque empanaché. Sa main droite tient une lance. Le chevalier est donc représenté dans une pose martiale et glorieuse qui consacrent sa valeur militaire de chef de guerre et de symbole de la résistance de la ville de Mézières face aux invasions étrangères.
Ce tableau a été présenté dans le cadre de l’exposition universelle de Paris 1900 au sein du Palais de l’Armée de Terre et de Mer afin de célébrer la mémoire d’un des plus célèbres représentants de la chevalerie française. Il a survécu à la destruction de l’hôtel de ville détruit en 1918 et a ensuite été réinstallé dans le nouvel hôtel de ville de Mézières, inauguré en 1933, dans le bureau du maire dans lequel il se trouve encore conservé.
Le deuxième est une toile non signée mais dont l’attribution pourrait être faite en faveur de Michel Dépinois, peintre, de Mézières, qui reçut, au mois de juillet 1759, une somme de 50 livres « pour un tableau représentant Mézières assiégé par le prince de Nassau et défendu par le cher Bayard » comme l’indique les comptes de la ville (EDEPOT/MEZIERES/CC 62). Le sujet représenté est celui bien connu du siège de Mézières de 1521. Bien que le sujet soit historique, le peintre n’a pas eu un grand souci de l’exactitude des costumes militaires de l’époque du siège car les guerriers portent l’uniforme du temps de Louis XV (tricorne, veste et armement). En outre, il a fait figurer, sur son tableau, la citadelle qui n’existait pas en 1521 ; elle n’a été construite qu’en 1590, pendant la Ligue.
Le troisième objet est une statue intitulée « La Délivrance » offerte, le 17 octobre 1919, à la ville de Mézières par le journal Le Matin tout comme à dix autres municipalités ayant souffert de la Grande Guerre : Amiens, Bruxelles, Colmar, Liège, Lille, Metz, Reims, Mézières, Saint-Quentin, Strasbourg et Verdun. Son auteur est le sculpteur français Émile Guillaume (1867-1954). La statue représente une belle jeune femme, entièrement nue, se tenant sur la pointe des pieds, tête et bras levés vers le ciel. Ses bras forment une sorte de V de la victoire et sa main droite tient une épée. La jeune femme semble remercier le Ciel et l’épée rappelle qu’il a fallu se battre pour obtenir la Victoire et la Délivrance. Mais lorsque la réalisation est terminée en 1916, le conflit n’est toujours pas terminé. Émile Guillaume décide alors de l’offrir à Aristide Briand, Président du Conseil des ministres. Une fois l’armistice conclu, le sculpteur signe un contrat avec la célèbre fonderie d’art Barbedienne pour reproduire l’œuvre en de nombreux exemplaires. Émile Guillaume accéda à la notoriété et obtint une médaille d’or au salon des Artistes français de 1924 et un Grand Prix lors de l’Exposition Internationale de 1925. En tout l’œuvre fut reproduite à plus de 470 exemplaires de toutes dimensions vendus ou offerts entre 1919 et 1955.