Un destin du XXe siècle

Abraham Seemann dans les années 1930 avec ses 5 petits-enfants

Abraham Seemann, seul nouzonnais déporté en 1944

Il y a quelques mois, la ville de Nouzonville rendait hommage à Abraham Seemann, l’un de ses habitants, seul juif de la commune ayant été tué à Auschwitz. A cette occasion, sa petite-fille, Michelle Rudolf Rogissart a mis à l’honneur son grand-père en racontant brièvement sa vie. Elle a ensuite fait don de son discours aux Archives départementales, permettant ainsi à Abraham Seemann de sortir de l’oubli.

Né en 1862 à Mittau, près de Riga, dans l’actuelle Lettonie, Abraham Seemann a sept frères et sœurs. Envoyé assez jeune à Moscou auprès d’un oncle pour y apprendre le métier de ciseleur en bronze, il décide, à la mort de son père, de rejoindre Baltimore aux Etats-Unis, pour fuir le nombre croissant de pogromes sévissant en Russie et suivre le chemin de ses frères, déjà établis là-bas. Embarqué à Hambourg, après de multiples aventures, il débarque finalement à Paris. Il fait alors la connaissance d’Appolline Troisfontaines, nouzonnaise placée comme cuisinière chez un médecin. Fixés à Paris tous les deux, ils ont une fille, née en 1894, Charlotte. Abraham prend alors la nationalité française. Ils s’installent définitivement à Nouzonville après la Première Guerre mondiale. Il y possède un atelier dans la maison de Solferino (écart de Nouzonville). Évacué dans les Deux-Sèvres en 1940, il échappe à la rafle des juifs alsaciens de Parthenay. De retour à Nouzonville, il est arrêté le soir du 4 janvier 1944 à l’âge de 82 ans. Envoyé à Drancy, il fait parvenir un mot à sa famille : « Partons vers une destination inconnue, ayez du courage, je vous embrasse. Abraham. » Abraham Seemann a été tué à Auschwitz dès son arrivée, après des conditions de voyage effroyables.

Le discours, dans son intégralité, est disponible aux Archives départementales des Ardennes sous la cote 1J 1356.