Les établisements Hottiaux

Machine

Une entreprise ardennaise réputée mais méconnue du public

Créée vers 1910 à Château-Regnault, une des anciennes communes formant l’actuelle ville de Bogny-sur-Meuse, par Jules Hottiaux, Belge naturalisé français en 1912, l’entreprise Hottiaux était alors une entreprise artisanale spécialisée, à partir de 1919, dans la construction de machines à filer et de machines pour créneler les écrous (58 J 1).

En octobre 1945, l’entreprise devient industrielle et s’installe rue Maurice Louis à Château-Regnault. Jules Hottiaux partage la gestion de cette société avec ses deux enfants, Nelly et Roland, ce dernier exerçant la primauté en tant que gérant [6U1 311], poste qu’il occupe jusqu’à sa mort dans les années 1980.

En plus des machines à fileter, l’entreprise, qui prend le nom d’Établissements Hottiaux vers 1970, se met à fabriquer des machines à affûter les peignes, en revanche, elle semble avoir abandonné la fabrication de machines à créneler les écrous (58 J 14-21, 58 J 75-81). Pour monter ces machines, elle emploie des pièces achetées à des fournisseurs et des pièces qu’elle fabrique elle-même et qu’elle peut vendre séparément, comme les têtes-filières ou les portes-peignes. Outre les activités de construction et de vente, l’entreprise réalise des opérations de réparation de ses machines achetées par un client lorsque celles-ci sont dégradées (58 J 85-107).

Des années 1950 aux années 1970, les Établissements Hottiaux connaissent une période de pleine prospérité, de nombreuses entreprises françaises et étrangères achètent ses machines et ses pièces de machines perçues comme des produits de grandes qualités. Sa renommée lui permet d’obtenir de nombreux brevets, tant en France qu'à l'étranger (Etats-Unis, Allemagne, Angleterre, ltalie, Belgique, Suisse) (58 J 43-50). Ils concluent alors des partenariats avec d’autres entreprises reconnues, comme Nouméca (58 J 81).

Engagée dans une politique sociale importante, l’entreprise intègre le Centre social des Industriels de Château-Regnault au sein duquel elle s’implique dans l’organisation d’œuvres sociales à destination de ses employés (création d’une cantine, etc.), de leurs familles (colonies de vacance pour les enfants des employés, etc.) et des nécessiteux (organisation de repas pour les personnes âgées et les indigents, etc.) (58 J 108).

À partir de la deuxième moitié des années 1970, Hottiaux est rattrapée par la désindustrialisation : plusieurs de ses clients ont fermé leurs portes ou cessent d’acheter les machines ou pièces qu’elle produit et ceux qui continuent de le faire exigent des délais de paiement de plus en plus long. La gérance doit se résoudre à imposer le chômage partiel à ses employés, puis à procéder à des licenciements économiques (58 J 74). Elle parvient malgré tout à survivre et en 1980 la fille de Roland Hottiaux, Marie-France Hottiaux, peut lui succéder comme gérante. Malgré tout, à la suite de l’effondrement des ventes de ses machines-outils et de ses pièces, la société Hottiaux finit par abandonner ses activités de production pour se concentrer sur les activités de vente (58 J 6). Cette évolution ne lui permet pas de renflouer suffisamment ses caisses pour pouvoir subsister, ainsi, elle doit se résoudre à cesser toute activité le 1er janvier 1996 (58 J 109).

Alors qu’elle prépare la fermeture de la société en 1995, Marie-France Hottiaux donne volontairement une partie de ses archives aux Archives départementales des Ardennes. 10 ans plus tard, Marie-France Hottiaux donne de nouveaux documents et l’ensemble du fonds Hottiaux fait l’objet d’un classement. Par la suite, les héritiers de la famille Hottiaux retrouvent d’autres archives des Établissements Hottiaux et les donnent aux Archives départementales en 2014. En 2022, l’ensemble du fonds fait l’objet d’un nouveau classement actuellement en cours de finalisation. Il sera bientôt consultable, à l’exception de quelques articles juridiques soumis à un délai de communicabilité.

Ce fonds est intéressant car il témoigne de l’histoire industrielle et économique du département des Ardennes. En outre, il peut être mobilisé pour l’histoire sociale et l’histoire des techniques. 

Brevet d'invention