Journée de la femme

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Jeanne Mélin, une féministe d’avant-garde 8 mars 2013

Les Archives départementales des Ardennes, qui conservent les archives de Jeanne Mélin (sous-série 15 J), ont souhaité la mettre à l’honneur à l’occasion de la Journée de la femme.

- Citation de Jeanne Mélin - Paris, 4 juin 1929 (cahier manuscrit, cote 15 J 1) :

« Il faut donner aux femmes leurs droits, voteront-elles en faveur des rois ? »

- Extrait d’un poème de Jeanne Mélin - 8 novembre 1961 (cahier manuscrit, cote 15 J 1) :

« Ô toi femme temple de la vie,
De ma retraite je t’en supplie,
En prenant ta place au grand jour,
L’homme comprendra ce qu’est l’amour,
En mettant au rang de la ferraille,
La gloire de toutes les batailles,
Plaçant au même rang les enfants,
Qu’ils soient des « petits » ou des « grands »,
Que règne enfin sur cette planète,
La sécurité la plus parfaite,
Ce qui est de mes vœux le plus cher,
Par ces lignes cela devient clair ».

Née à Carignan en 1877, dans une famille ardennaise d’industriels, anticléricale, républicaine, dreyfusarde, Jeanne Mélin rejoint en 1898 l’association La Paix et le Désarmement par les Femmes initiée par Sylvie Hugo Flammarion et fonde un groupe dans les Ardennes. Elle y développe un discours modéré, basé sur les vertus pacificatrices et éducatrices de la maternité.
Au tournant du XXe siècle, elle rejoint l’association La Paix par le Droit. Elle s’engage dans la lutte pour l’arbitrage, l’établissement d’un code international des nations. Jeanne Mélin adhère en 1906 à la SFIO, influencée par les pensées pacifistes et socialistes de Jean Jaurès. Elle participe aux congrès pacifistes nationaux puis internationaux, acquiert une solide réputation de conférencière pacifiste et féministe reconnue en France et en Europe.
Jeanne Mélin perçoit le vote féminin comme un facteur de paix. Elle développe une opinion plus radicale que les autres féministes sur le plan des mœurs. Dès 1907, elle prône le contrôle des naissances, l’éducation sexuelle des jeunes filles mais aussi des jeunes garçons.
Durant la Grande Guerre, elle milite pour le suffrage intégral, ce qui lui vaut les inimitiés de certaines féministes réformistes. Ce radicalisme la motive à adhérer au PCF de 1920 à 1923 tout en militant parallèlement à la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté. Elle milite pour l’égalité politique et économique des sexes et le droit de suffrage.
La Deuxième Guerre mondiale est une fracture considérable. L’inadmissible - la guerre- contre laquelle elle a lutté toute sa vie, revient avec son cortège d’horreurs.
La guerre passée, elle retrouve ses chevaux de bataille. A la Libération, son engagement féministe semble se tarir après l’obtention du droit de vote par les Françaises en 1944 et sa candidature à la Présidence de la République en 1946. Dans son programme, Jeanne Mélin souhaite l’égalité civile, politique et économique des deux sexes, l’élection d’une vice-Présidente de la République.
Dans les dernières années de sa vie, elle se rapproche des thèses des socialistes utopiques en défendant l’abolition du salariat, le partage équitable des richesses. Jeanne Mélin aurait souhaité une décolonisation sans violence. Elle meurt, seule, d’une attaque de paralysie le 18 avril 1964.

Légende du document en vignette : Jeanne Mélin en 1925