Le livre de raison de Ponce Millet (1673-1725)

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Le témoignage rare d'un homme ordinaire

Ce petit registre de 180 pages contient le témoignage rare d’un homme ordinaire ayant vécu à l’époque moderne sous le règne de Louis XIV et au début du règne de Louis XV. Il s’agit de Ponce Millet, né en 1673 dans une famille de manouvriers installée dans la commune de Doux, située à quelques kilomètres de Rethel et à l’époque au cœur du duché de Mazarin. Ponce Millet exerça les métiers de colporteur et de domestique.

À 15 ans, en 1688, il effectue un voyage à Paris où il est reçu par son oncle paternel qui l’introduit dans le milieu des conseillers du roi et magistrats de la capitale au service duquel il se met à travailler. Son journal rend compte de ses pérégrinations à travers les rues qu’il cite, des dépenses qu’il fait, des moments de fêtes et de réjouissances, des personnes pour lesquelles il a de la reconnaissance. Il mentionne également quelques noms de personnes originaires de la Champagne septentrionale et installés à Paris.

Ponce Millet commence la rédaction de ce journal en 1720, au moment où les épidémies font rage à travers le royaume et où lui-même se sent souffrant. Il souhaite donc livrer une sorte de testament à la postérité au cas où il succombe à la maladie. Il décède finalement à l’âge de 52 ans en 1725.

Ce document appartient à la catégorie des écrits du for privé qui ont fait l’objet, depuis les années 1980, d’études scientifiques de plus en plus nombreuses qui ont chacune révélé la très grande richesse de ces documents pour l’historien. Définis comme des « textes produits hors institutions, témoignant d'une prise de parole personnelle d'un individu, sur lui-même, les siens ou sa communauté », ces écrits peuvent prendre la forme de mémoires, de journaux ou de livres de raison où leur auteur évoque le récit de sa vie, de son quotidien, de ses souvenirs en y mêlant des considérations sur son époque et son cadre de vie.

Son livre de raison, conservé sous la cote 1J 551, est entré dans les collections des Archives départementales en 1982. D’autres documents de ce genre sont conservés comme celui de Michel Olivier, natif de Thilay dans la pointe, qui a écrit un journal de 1688 à 1711 (coté 1 J 720). Celui de Ponce Millet a fait l’objet d’une étude approfondie, menée par Jean-Pierre Marby, et publiée en 1999 par la Société d’études ardennaises, qui avance entre autres de nombreux éléments historiques sur les conditions de travail, les prix des objets du quotidien et les aspirations du petit peuple du royaume de France à l’aube du siècle des Lumières.

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