Les mouchoirs de codage des agents clandestins en France occupée
Le voile du secret
Le secret était vital pour les réseaux de la Résistance. Le système devait cependant être discret, simple et le plus sûr possible. Les services secrets britanniques utilisèrent d’abord le système Playfair, issu de la Première Guerre mondiale, remplacé début 1942 par le système de la double transposition, plus sûr : les lettres du message à coder ne changent pas mais sont mélangées. L’opération était néanmoins longue et compliquée pour un agent en mission. Les clefs de codage nécessitaient un ouvrage, compromettant, ou une phrase apprise par cœur, que l’agent pouvait révéler sous la torture. Elles furent alors imprimées, dans le système code AZ, sur un mouchoir de soie remis à l’agent. Malheureusement, celle-ci brûle assez difficilement et, surtout, ce système n’était pas inviolable.
On utilisa donc à partir de septembre 1943 l’arme absolue du chiffrement, le One time pad. Simple, rapide, peu sujet aux erreurs et surtout mathématiquement indéchiffrable, il reposait sur le principe de la substitution : les lettres du message sont remplacées par d’autres mais l’ordre est le même. Le mouchoir contenait le système de codage. Les clefs, qui ne devaient surtout pas tomber aux mains de l’ennemi, étaient sur microfilm en papier de riz nitraté, que l’on pouvait aisément dissimuler et détruire.
Ces documents rares conservés sous la cote 74J 35 font partie du fonds Georges-Henri Lallement (1913-2008), résistant ardennais. Ils ont peut-être appartenus au radio de la mission Citronelle (organisation du maquis des Manises à Revin, par le colonel de Bollardière (1907-1986), Gérard Brault, ou à Robert Dupuis, qui fut responsable du Bureau des opérations aériennes pour les Ardennes.