L'effondrement de la chapelle de l'ancien séminaire à Charleville

Agent de police posté devant les ruines.jpg

Photographies de la catastrophe

Une série de neuf photographies prises par J. Badré, photographe rue du Petit Bois à Charleville, témoigne de cet événement. Elles ont été réalisées à la demande de Jules Sagot, huissier à Charleville, afin d’illustrer le procès-verbal de constat qu’il dresse à la demande de la ville le 10 février 1926.

Dans ce document, il atteste que « le 9 février 1926, à 10 heures du matin, la chapelle de l‘ancien séminaire s’est brusquement effondrée causant des dégâts matériels importants notamment à la bibliothèque ». Cette chapelle était située place du Sépulcre, actuelle place Jacques Félix et ancienne place de l’Agriculture.

Un article du Petit Ardennais du 10 février 1926 relate la destruction de la chapelle en ces termes : « La petite chapelle de l’ancien séminaire, place du Sépulcre […] s’est soudain effondrée dans un terrible fracas qui jeta l’émoi dans les alentours. Cet édifice […] avait un caractère de rareté car il offrait un des plus nombreux spécimens en France de l’architecture italienne du XVIIe siècle. Il avait, en effet, été bâti peu après la fondation de Charleville par des architectes italiens à la suite de Charles de Gonzague et servait d’église au couvent du Sépulcre. […]. [La chapelle], perdant, si on peut dire pied [du côté de la bibliothèque] sous la poussée de sa substructure s’effondrait dans un bruit de tonnerre et démolissait à son tour le bâtiment voisin. Le mur [de la bibliothèque] n’est séparé [en effet] de la chapelle que par un passage à ciel ouvert de trois mètres.

Le clocheton en ciment armé […] dégringolant de ses 25 à 30 mètres de haut, enfonçait la toiture de la bibliothèque, pulvérisait tout le premier étage et le tout « descendait », moellons de mur, toiture, charpente, plancher, bouquins au rez-de-chaussée.

[…] M. Manquillet [bibliothécaire de la ville], était frappé, assis à son bureau, noyé sous les décombres. Une poutrelle de fer de huit mètres de long, tordue et venant du premier étage le blessait à la tête en même temps que deux poutres de bois de la charpente l’écrasaient. C’est par un hasard inouï que le sympathique et dévoué bibliothécaire put sortir en rampant de sous cet amoncellement ne s’étant rendu compte de rien tant la catastrophe fut soudaine. Par un bonheur, dont nous sommes heureux de le féliciter très sincèrement, il n’avait que quelques légères blessures à la tête et au corps ».

À la fin de son procès-verbal, Jules Sagot est obligé de constater que « le mur de façade de la chapelle est lézardé sur toute sa hauteur et devra être abattu. ». Il précise également que « Pour éviter tous accidents possibles pouvant provenir du mur de façade de la chapelle, la ville a protégé les alentours de la chapelle par un barrage. Un agent de police y reste en permanence. »

Ainsi disparaît un des plus anciens bâtiments de Charleville, aujourd’hui remplacé par un immeuble d’habitation.

L’ensemble des photographies de l’effondrement de la chapelle, le procès-verbal de l’huissier et de nombreux autres documents comme des rapports d’experts, conservés sous la cote EDEPOT/CHARLEVILLE/4M 5, sont consultables en salle de lecture des Archives départementales des Ardennes.

 

Choeur de la chapelle.jpg Façade de la chapelle et mur éventré de la bibliothèque.jpg Transept nord.jpg Vue prise depuis l'intérieur de la bibliothèque.jpg