Paul Verlaine dans les Ardennes

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Deux lettres autographes du poète

Paul Verlaine (1843-1896) a habité les Ardennes pendant plusieurs années.

Sa première installation intervient en 1877 lorsqu’il devient répétiteur en littérature, histoire, géographie et anglais au collège Notre-Dame de Rethel. Il y fait une rencontre déterminante en la personne d’un de ses élèves, Lucien Letinois, âgé de 17 ans et issu d’une famille d’agriculture du Rethélois. En août 1878, le contrat de Verlaine n’est pas renouvelé et ils décident de partir tous les deux pour Londres. Ils en reviennent deux ans plus tard où ils s’installent chez les parents de Lucien habitant à Coulommes-et-Marqueny au lieudit Malval. En mars 1880, ils s’installent à Juniville où il achète une ferme avec l’argent de sa mère. Mais la gestion étant désastreuse, il doit la revendre en janvier 1882 et retourne à Paris. Le 7 avril 1883, Lucien Letinois meurt à 23 ans. En juillet, la mère de Verlaine achète aux parents de Lucien leur ferme de Malval à Coulommes. Verlaine s’y installe en septembre avec elle et débute ainsi la seconde période ardennaise du poète qui durera jusqu’à leur départ pour Paris en 1885. Celle-ci fut marquée par les excès du poète qui se forgea auprès de la population une réputation d’alcoolique et de vagabond qui se terminera par une condamnation à un mois de prison à Vouziers après qu’il eut porté des coups à sa mère.

 

De cette seconde période deux lettres autographes sont conservées aux Archives départementales. La première est datée du 2 octobre 1883 et est adressée à Ernest Millot, magistrat carolopolitain né en 1856. Ce dernier a côtoyé Rimbaud au collège de Charleville et a participé aux petits cercles littéraires que fréquenta Verlaine lors de ses excursions dans la ville-préfecture. Le style employé par Verlaine est télégraphique : une suite de courtes phrases, parfois sans verbe, dans lesquelles il dit avoir attendu en vain Millot à la buvette et à qui il rappelle une commande une cinquantaine de litres de bière à expédier chez lui à Coulommes qui seront payés « illico ». La seconde est datée du samedi 12 octobre 1883 [en réalité du 13]. Il s’y plaint d’une livraison d’un « tout petit petit tonneau » de bière. Il évoque surtout une de ses publications consacrées à Rimbaud dans la revue Lutèce dont il réclame des exemplaires.

 

Ces deux documents sont entrés aux Archives départementales en 1964 grâce à un don de Mme Létrange, sœur d’Érnest Millot à qui celui-ci avait confié ses papiers au moment de son départ en Algérie. Elles sont conservées sous la cote 1J 176. D’autres lettres de la correspondance entre Verlaine et Millot sont publiés dans le numéro 64 de La Grive de janvier 1950.

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