Les archives de la résistance
La communication entre le maquis et Marguerite Fontaine
Marguerite Folie est née le 12 août 1900 à Awenne en Belgique. Elle épouse Louis Fontaine, agriculteur au hameau des Vieux-Moulins de Thilay, en 1919. Ils eurent trois enfants : Gaston en 1920, Georges en 1921 et Georgette en 1926.
La famille évacue en mai 1940 jusqu’à l’île de Noirmoutier et regagne leur ferme au Hameau des Hauts en février 1941. Dès le mois d’août, et pendant quatre ans, les Fontaine :
- accueillent des évadés transitant depuis la Belgique par la « ligne Dragon » créée par l’abbé Grandjean ;
- accueillent plus de quinze aviateurs alliés dont les appareils avaient été abattus par l’occupant ;
- réceptionnent des parachutages pour la résistance sur les terrains « Bohémien » et « Astrologie » ;
- Hébergent et ravitaillent des membres de l’équipe « Citronnelle » et le maquis voisin.
Le journal de guerre de Marguerite Fontaine sera publié en 1964 grâce à la romancière et résistante Eva Thomé : Les Vieux Moulins de Thilay, haut lieu de la résistance ardennaise, journal de Marguerite Fontaine.
Suite à notre appel à collecte du printemps dernier, les descendants de la famille Fontaine représentés par madame Brigitte Hélin, ont fait don aux Archives départementales de documents, manuscrits et photographies. Sous les cotes 1J 1594 – 1600, les chercheurs pourront ainsi consulter les manuscrits de Marguerite Fontaine, des informations sur les aviateurs, maquisards et évadés.
Pour le document du mois, nous avons choisis de mettre en avant quelques billets du maquis rédigés par le commandant Prisme et adressés à Madame Fontaine. « Prisme » est Jacques Pâris de Bollardière (1907-1986), chargé d’assurer la liaison entre la Résistance ardennaise et le Haut Etat-Major allié à Londres. En avril 1944 il commande la mission « Citronnelle » qui doit organiser le maquis des Manises. Les billets présentés sont écrits au crayon à papier sur des morceaux de feuilles. Dans son billet du 22 mai 1944, Prisme demande à marguerite de lui procurer un drapeau français et une flamme triangulaire aux mêmes couleurs avec une croix de Lorraine, dessin à l’appui. Le drapeau sera confectionné dans de la toile de parachute, la croix de lorraine, brodée par Melle Grandjean sœur de l’Abbé du même nom. Dans un autre billet il explique que le maquis a été attaqué, que certains se sont donc déplacés et qu’ils ont besoin de ravitaillement. En juillet 1944 il demande 100kg de farine qui doivent être déposés à l’endroit habituel le soir même. A la lecture de ces billets on comprend le caractère dangereux et la discrétion qui doit être assurée pour répondre aux besoins et demandes des maquisards.