Il y a 500 ans Bayard défendait Mézières assiégée

Plan du siège de Mézières (cote 1Fi 599)

Un registre des comptes de la ville de Mézières témoigne du rôle des habitants dans la défense de la ville

À la suite des ravages causés au Luxembourg par les troupes de Robert de la Marck, duc de Bouillon et seigneur de Sedan, allié du roi de France, Charles Quint lève une armée qui s’empare rapidement de Florenville, Bouillon et Messincourt. Les troupes du Saint-Empire entrent ensuite dans le royaume de France et, après un siège de deux jours, prennent le contrôle de la place forte de Mouzon le 29 août 1521.

Conscient dès le début des hostilités du danger que représentait pour le royaume l’armée de Charles Quint, François Ier nomme le chevalier Bayard lieutenant général de Mézières.

Arrivé à Mézières le 7 août 1521, celui-ci lance d’importants travaux notamment de fortification pour préparer la place forte de Mézières à un siège. Le 30 août, deux armées impériales fortes d’environ 40 000 hommes assiègent la ville. Disposant uniquement de quelques milliers d’hommes, Bayard va pourtant résister aux bombardements et aux attaques ennemies et réussir à défendre la ville jusqu’au départ des assiégeants le 27 septembre 1521.

Un registre des comptes de la ville de Mézières permet de découvrir la contribution de la municipalité et des habitants de Mézières à la défense de la ville. Les registres des comptes en consignant la nature des dépenses et les sommes dépensées sont habituellement des sources importantes sur la vie d’une commune et de ses habitants. Le registre des comptes de l’année 1521, en détaillant les dépenses faites par la ville à l’occasion du siège, sort du lot en offrant un point de vue différent sur cet événement marquant de l’histoire de Mézières.

Il y est ainsi détaillé les sommes versées et les noms des artisans de la ville (charpentiers, menuisiers, cordiers, couvreur, charretiers…) ayant participé à la construction d’étables pour les chevaux des hommes de la compagnie de Bayard.

La ville verse également de l’argent aux charretiers ayant fourni les roues nécessaires au déplacement des pièces d’artillerie et des munitions. Les manouvriers ayant travaillé à la mise en place des « battons de feu et artillerie » et au transport de la poudre reçoivent eux aussi une rémunération de la part de la municipalité.

L’administration municipale finance également la réalisation de travaux sur les ponts et les fortifications de la ville.

Des sommes sont également versées aux habitants ayant loué leurs chevaux aux émissaires de Bayard ou ayant logé des commissaires du roi ou des canonniers.

Ce registre témoigne aussi de l’état de la ville de Mézières après un mois de siège. Celle-ci engage, en effet, des habitants de Gespunsart pour nettoyer la ville des immondices et des punaises. Cette mesure de salubrité publique est prise après le décès de plusieurs habitants à la suite d’infections.

Il transparaît ainsi dans ce registre un élément important de la victoire de Bayard : le soutien de la ville de Mézières et de ses habitants.

Le registres des comptes de la ville de Mézières de 1516 à 1523, conservé sous la cote EDEPOT/MEZIERES/CC 33, est consultable aux Archives départementales des Ardennes les lundis, mercredis, jeudis, vendredis de 9h à 17h et le mardi de 13h à 17h.

 

Bibliographie

POIRIER, Jules. Le siège de Mézières en 1521 : manuscrit inédit extrait des Archives communales de la Ville de Mézières, augmenté de lettres de Bayard, de François Ier relatives au dit siège, d'une autre relation de ce même siège et autres documents annotés. Arcis-sur-Aube : L. Frémont, 1888. 31p. (cote MEL/C 2 16).

CHASTEL, Guy. Un chapitre de la vie de Bayard : la défense de Mézières. La Grive, janvier 1933, n°19 et avril 1933, n°20, p.11-15 et p.29-32. (cote PERH8 3).

CHUQUET, Arthur. Bayard et le siège de Mézières : 1521-1893. Mézières : A. Ronsin, 1893. 16p. (cote MEL/B 1 15).

Page relative au nettoyage de la ville (cote EDEPOT MEZIERES CC 33) Pages relatives à la construction des étables (cote EDEPOT MEZIERES CC 33) Extrait de la page relative aux étables (cote EDEPOT MEZIERES CC 33) Bâton à feu (Musée de l'armée, Paris)