Cheminement d'une ville ardennaise à vocation militaire

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Le plan cadastral de Philippeville

Face à la prise de Mariembourg (aujourd’hui en Belgique, à l’ouest de Givet, et au Nord de Rocroi), fin juin 1554, par l’armée d’Henri II alors roi de France, l’empereur Charles Quint, qui est alors son principal rival, décide de répliquer par l’érection de deux forteresses dans le pays de l’Entre-Sambre-et-Meuse, situé plus à l’est : Charlemont et Philippeville.

Le 25 septembre 1555 le prince Guillaume d’Orange jette donc son dévolu sur un site du territoire d’Echerennes, plus précisément sur le bourg de Corbigny, non loin de Mariembourg et du plateau de Givet. A cette date sont alors délimitées les rues et les remparts qui formeront Philippeville.

Le 1er octobre 1555 s’amorce le chantier proprement dit de la forteresse (date inscrite sur le fronton de la porte de l’église de Philippeville). Le plan d’origine présente alors un pentagone irrégulier constitué de 5 bastions à orillons, 3 courtines droites, de 2 brisées et de plateformes de tir. En décembre l’armement et l’approvisionnement sont achevés.

A la date du 29 décembre 1555, le prince d’Orange écrit au roi d’Espagne Philippe II : « J’ai fait nommer ce fort Philippeville, pour être bâti à l’avènement de son règne. »

Les premières garnisons de soldats investissent les lieux en janvier 1556.

Au cours du XVIe siècle, beaucoup d’ingénieurs italiens sont mobilisés au service des Espagnols et des Néerlandais pour la construction de forteresses et de nouvelles cités. Ainsi c’est par un Flamand que le tracé de Philippeville est réalisé : Sébastien Van Noyen.

Plus tard, la ville de Mariembourg revint à l’Espagne grâce au traité du Cateau-Cambrésis, le 3 août 1559, rendant alors cette forteresse inutile. Philippeville continua cependant à subsister comme poste militaire et ne fut élevée au rang de ville qu’en 1620.

Par le traité des Pyrénées de 1659 Philippeville devient française. Ce territoire est alors une enclave au sein des Pays-Bas Espagnols, qui est rattaché au reste du Royaume de France via la commune de Givet. A cette époque, l’ingénieur Vauban apporte de nombreuses modifications aux fortifications, dont il accentue la forme étoilée. La carte ci-jointe témoigne de ces modifications et de celles des logements privés qui sont réaménagés à la fin du XVIIIe siècle.

En 1815 enfin, la forteresse est rendue aux Pays-Bas, placée dans ce qui deviendra la Belgique quinze ans plus tard. Avec la convention dite des forteresses du 14 décembre 1831 ainsi que la création d’un autre système de défense du nouveau pays, on entreprit des travaux de démolition des fortifications, commencés en 1853 puis achevés en 1856.

 

 

« Charlemont », Hors-série Ardenne Wallonne d’octobre 1993, p. 54-56.

  http://connaitrelawallonie.wallonie.be/en/lieu/philippeville#.Y01wHugzYdV