De l'hôtel-Dieu à l'EHPAD de Mouzon...

... cinq siècles d'archives collectés !

C’est un fonds d’archives assez remarquable qui est entré aux Archives départementales des Ardennes : celui de l’hôtel-Dieu de Mouzon, devenu hospice, fonds assez exceptionnel par l’ancienneté et la diversité de ses documents. Si les archivistes de 1900 avaient déjà identifié et analysé finement le fonds pour en dresser un inventaire détaillé et imprimé, les documents étaient restés depuis lors au sein de l’hospice. Hélas, une majorité des documents est détruit en 1940 et l’on déplore aujourd’hui l’absence des documents anciens de l’hôtel-Dieu, notamment les titres de propriété ou encore la charte de fondation de l’établissement de 1225.

En octobre 2019, les archivistes ont collecté, dans une dépendance de l’actuel établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de l’Abbaye à Mouzon, ce qui subsiste aujourd’hui : plusieurs centaines de documents et registres couvrant la période 1501-1970 intégrant, de manière inaliénable et imprescriptible, les collections publiques du département des Ardennes. Le classement de ce fonds a permis de faire réapparaître quelques documents mentionnés manquants dans l’inventaire de 1901…

L’histoire de l’hospice de Mouzon est ancienne et liée au pouvoir religieux : sa construction remonte au temps de Guillaume de Joinville, archevêque de Reims de 1219 à 1226, qui dote l’hôtel-Dieu des dîmes - impôts portant principalement sur les revenus agricoles - de Stonne, de La Berlière et des Armoises, provenant de la Chartreuse du Mont-Dieu. L'hôtel-Dieu possède aussi des biens importants dans plusieurs localités environnantes, à Euilly, Brévilly, Létanne, La Besace, et jusque dans l’actuelle département de la Meuse.

Tout au long des siècles, l’hôtel-Dieu reçoit des donations diverses et variées, du lit de plume aux terres, maisons et fermes en passant par des sommes d’argent pour les pauvres de Mouzon. Les archives parvenues jusqu’à nous témoignent des donations faites par des familles mouzonnaises, telles les Destuy, les Mahulot ou encore celle de Jean Béchet en 1653, seigneur de Givodeau - un écart de Villemontry - bourgeois de Paris et ancien valet de chambre de Louis XIII, qui lègue des héritages et des maisons à Givodeau et à Villemontry pour l’établissement d’un nouvel hôtel-Dieu et pour la fondation d’une école à Mouzon, ainsi que 8 000 livres pour la fondation de services religieux.

En 1700, les bénédictines de Sainte-Marie-des-Prés de Mouzon transfèrent leur maison rue de Vaugirard à Paris et vendent leur monastère à la ville pour le prix de mille écus. C’est ainsi que l’hospice prend place dans les bâtiments de l’abbaye des Bénédictins, abbaye qui avait été reconstruite en 1660 après avoir été démolie pendant les guerres contre les Espagnols (1650-1653). L'abbaye, supprimée à la Révolution, devint un hospice civil et est aujourd'hui une maison de retraite (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes de l’Abbaye).

Outre les papiers concernant les donations et les legs, mentionnons des documents particulièrement intéressants pour l’histoire de l’établissement : un registre de personnel, des registres des délibérations prises par l’hospice depuis 1842, un inventaire ancien des produits des pharmacies, de nombreux dossiers intéressants les biens (fermes, terres, maladreries) possédés par l’hospice depuis 1791 ou encore des registres de malades et pensionnaires depuis 1842. Ces documents sont librement consultables en salle de lecture des Archives départementales sous la référence HDEPOT/MOUZON.