Un curé athée

9 J 176 Brochure intitulée "Le testament" (1902) comportant un portrait du curé Meslier

Le curé Meslier à travers ses autographes dans les registres paroissiaux

Jean Meslier est né à Mazerny le 15 juin 1664 et décédé le 17 juin 1729. Ordonné prêtre puis nommé le 7 janvier 1689 curé d’Étrépigny et de Balaives dans les Ardennes, il est considéré comme un bon sujet par son premier archevêque. En 1716, un conflit éclate avec le second car il refuse de recommander nommément au prône le seigneur du village qui aurait maltraité des paysans. D’autres faits lui sont aussi reprochés. C’est ainsi qu’il doit effectuer une retraite d’un mois au séminaire de Reims. Il se fait ensuite plus discret. Les Archives Départementales des Ardennes conservent les registres des baptêmes, mariages et sépultures de la commune d’Étrépigny. On peut y lire sa signature en fin de chacun jusqu’en mars 1729. Curieusement, son acte mortuaire ne fut pas inscrit dans les registres de sa paroisse.

C’est après son décès que l’on découvre ses écrits : son Mémoire, et deux Lettres aux curés du voisinage. Il y professe son athéisme et son anticléricalisme. Selon les analyses, on parle même d’un précurseur des philosophes des Lumières, posant les bases d’une consécution socialiste voire communiste de la société, empreint d’une philosophie anarchiste.

Le manuscrit de son Mémoire a été recopié de manière manuscrite, entier ou par extraits, et diffusé par les colporteurs, probablement dès 1734. Plusieurs éditions ont été ensuite imprimées dès 1735 mais il faut attendre 1864 pour qu’une édition intégrale de son œuvre soit établie. Un siècle plus tard, un travail scientifique réunissant plusieurs historiens a été mené entre 1970 et 1972 dans le but de publier une version complète issue du manuscrit original.

Les Archives départementales des Ardennes ne conservent pas les manuscrits originaux des pensées du curé Meslier mais quelques documents comportent néanmoins sa signature. Ici, un registre des baptêmes, mariages et sépultures d’Étrépigny. En effet, en 1579, l’ordonnance de Blois impose aux curés de tenir ces registres. Ils doivent aussi les déposer chaque année au greffe du tribunal royal le plus proche. En 1667, ces registres sont faits en deux exemplaires afin que le curé en garde un. Le texte impose la signature des actes de baptême par les parrains et marraines, des actes de mariage par les conjoints et les témoins (avec indication des parentés), des actes de sépulture par deux parents ou deux amis présents. L’âge, parfois la date de naissance ou les indications de majorité et minorité des conjoints, la profession et le domicile des conjoints et des parents deviennent obligatoires dans les actes de mariage ainsi que la date de décès dans les actes de sépultures.

La signature du curé Meslier se retrouve également dans la série G sur l’adjudication des héritages de la fabrique de Balaives (G 95) et dans une adjudication à loyer à Étrépigny (G 127).

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