La cité de l'ardoise
Plans des ardoisières de Fumay
L’essor de l’exploitation de l’ardoise dans la région de Fumay remonte au XIIe siècle. Cette matière est alors beaucoup utilisée pour la couverture des édifices religieux. Ainsi l’abbé de Prüm (Rhénanie-Palatinat), seigneur du territoire de Fumay, obtient l’autorisation d’extraire de l’ardoise pour reconstruire son monastère. Jusqu’au XVe siècle, l’extraction est réalisée à ciel ouvert ou au moyen de petites galeries. Cette activité est encadrée dès le XIIIe siècle, les accords de concessions n’étant plus gratuits et faisant l’objet d’une redevance annuelle. En 1221, les abbayes d’Aulne et de Cambron (Hainaut) possèdent leur ardoisière à Fumay et s’engagent chaque année à payer à l’abbé de Prüm une certaine somme et une certaine quantité d’ardoises. En parallèle, les ardoises sont de plus en plus utilisées pour des bâtiments privés. Les ardoises de Fumay s’exportent même à Liège et à Dinant, appréciées pour leur couleur particulière.
Après la Révolution, la commune devient propriétaire de tréfonds. Elle accorde alors de nombreuses concessions pour les extractions d’ardoise, s’assurant au préalable des chances de réussite du projet et si le marché est actif. Le plus ancien contrat de concession retrouvé date de 1764. À partir du XVIIIe siècle, le mode d’exploitations se modernise grâce à la machine à vapeur et à la mécanisation. On dénombre par la suite plus de 50 ardoisières, Fumay devenant ainsi la cité de l’ardoise. Après la Première Guerre mondiale, seules quelques fosses poursuivent leur activité, regroupées au sein de la Société La Renaissance. La Société de Rimogne rachète les tréfonds de Fumay mais en 1971 les difficultés sont telles que l’activité cesse définitivement.
Les Archives départementales conservent depuis 2023 les archives anciennes de la ville de Fumay que celle-ci a décidé de mettre en dépôt pour en assurer la conservation. Au sein de ce fonds, quelques plans permettent d’illustrer le mode d’extraction de l’ardoise au XIXe siècle. La méthode a assez peu évolué depuis le XVIIIe siècle et reste la même jusqu’en 1971. La mine s’articule autour d’une galerie principale. Les ouvriers attaquent la veine à son effleurement. Ils creusent une première galerie dans le schiste suivant son inclinaison. Le mode d’extraction consiste en des ouvrages (des trous) creusé de chaque côté de la galerie. Entre chaque ouvrage sont conservés des piliers qui sont percés pour l’aération. Au XIXe siècle, les ouvrages font 15 mètres de longueur et les piliers doivent avoir des directions parallèles pour permettre cette régularité de longueur.
L’ouvrage comporte plusieurs parties appelées : toit, mur, ciel. L’exploitation se déroule en deux phases : le crabotage (ouverture de l’excavation) et la levée ou l’abattage de la pierre. Lorsque le bloc est tombé, il est remonté (à dos d’homme puis par des machines) puis débité en dalles plus ou moins épaisses selon les besoins. L’exploitation manuelle qui se faisait principalement de haut vers le bas sera remplacée par l’exploitation de bas en haut, plus rapide mais plus dangereuse notamment de part l’utilisation de l’explosif provocant poussière et émiettement.
Plans :
8S2 4 : Plan de l’ardoisière la renaissance à Fumay, dressé par le Garde-Mines, 6 avril 1882
1J 269/ 10 : Ardoisière St-Pierre des Lions à Fumay, coupe suivant l’axe de la galerie, 1896