La guerre de 1870 dans les Ardennes
Épisode 1 : L'entrée de l'armée française dans les Ardennes et la " surprise de Beaumont "
Le 19 juillet 1870, la France, sur laquelle Napoléon III règne depuis 1852, déclare la guerre à la Prusse. L’armée française est constituée de l’armée de Lorraine, forte de 170 000 hommes et dirigée par le maréchal Bazaine, et de l’armée d’Alsace, composée de 70 000 soldats et commandée par le maréchal de Mac Mahon.
Après une série de défaites dans l’est de la France, l’armée de Lorraine se retrouve encerclée à Metz et l’armée d’Alsace, poursuivie par l’armée du prince de Prusse, se replie sur Paris et se dirige vers le camp de Châlons. Cette armée, rejointe dans ce camp par des renforts, prend alors le nom d’armée de Châlons. Toujours dirigée par Mac Mahon, elle est composée de quatre corps d’armée (le 1er, le 5e, le 7e et le 12e corps) et de deux divisions de cavalerie. Elle regroupe désormais environ 130 000 hommes.
Un plan conservé aux Archives départementales des Ardennes permet d’en suivre les mouvements. Les positions de l’armée française y sont représentées en rouge et celle de l’armée allemande en bleu.
Ayant reçu l’ordre de rejoindre l’armée de Bazaine dont il ignore le total encerclement, Mac Mahon espère l’atteindre par le nord en passant par Montmédy. Le 20 août 1870 l’armée quitte le camp de Châlons pour Reims et arrive le 24 août à Rethel. Le lendemain une partie de l’armée se dirige vers l’est en direction de Vouziers.
Le prince de Prusse apprenant le mouvement vers le nord de l’armée de Mac Mahon cesse son avancée vers Paris et dirige à marche forcée son armée vers le nord. Dans le même temps, le général prussien Moltke qui assiège Metz décide pour empêcher la jonction des deux armées françaises d’envoyer l’armée du prince de Saxe vers Montmédy.
Poursuivi par l’armée du prince de Prusse au sud et informé que la route de Montmédy à l’est lui est coupée par l’armée du prince de Saxe, Mac Mahon décide de remonter vers le nord et de faire passer son armée sur la rive droite de la Meuse. Le 29 août, le 5e corps d’armée n’ayant pas encore reçu l’ordre d’aller vers la Meuse continue sa marche vers Stenay et rentre en contact avec l’armée du Prince de Saxe à Bois des Dames et à Buzancy. Une fois l’ordre reçu de marcher vers l’ouest, le 5e corps cesse le combat et se dirige vers Beaumont tout en étant sans cesse attaqué par l’avant-garde de l’armée ennemie.
Pendant toute la nuit le village de Beaumont-en Argonne est traversé par les soldats du 5e corps d’armée, les derniers soldats n’arrivant qu’à cinq heures du matin. Conscient de l’épuisement de ses hommes, le général de Failly qui commande le 5e corps décide que ses troupes ne reprendront la direction du pont de Mouzon que le 30 août après midi. Son corps d’armée campe ainsi au bas du village de Beaumont dans un espace très restreint dominé par un cercle de collines couvertes de forêts.
Vers midi, les obus allemands tombent sur le camp alors que les régiments sont aux distributions de vivres ou passent en revue les armes et que les chevaux de l’artillerie sont à l’abreuvoir. Le 5e corps d’armée composé d’environ 22 000 hommes est ainsi attaqué par 50 000 hommes. C’est « la surprise de Beaumont », nom donné par la suite à cette bataille par les historiens militaires.
Après un moment de panique, 5 000 français arrivent à s’organiser pour contenir l’attaque ennemie et permettent ainsi la retraite du corps d’armée vers le pont de Mouzon. Jusqu’au soir, les soldats français profitent de chaque relief entre Beaumont et Mouzon pour former des points de résistance et freiner l’avancée de l’armée ennemie bien supérieure en nombre.
Des gravures conservées aux Archives départementales des Ardennes et réalisées par Auguste Lançon, correspondant de guerre au journal L’Illustration, témoignent de cette résistance de l’armée française. Elles illustrent notamment les combats du plateau de Villemontry où quatre cent français affrontent quatre mille allemands.
Vers 19h30, l’ensemble du 5e corps d’armée, à l’exception des soldats restés à Villemontry, a passé le pont de Mouzon. Les Prussiens ne réussissent qu’en fin de journée à s’emparer du faubourg de Mouzon défendu maison par maison par les Français. À la tombée de la nuit, l’armée ennemie bombarde Mouzon et tente à plusieurs reprises de prendre le pont de Mouzon mais est repoussée par les soldats français. Le dernier coup de canon est tiré à neuf heures du soir et, une heure plus tard, le 5e corps d’armée ayant reçu l’ordre de se diriger vers Sedan commence son mouvement et évacue Mouzon.