La guerre de 1870 dans les Ardennes
Épisode 3 : La bataille de Sedan et la proclamation de la République
Un plan de la bataille conservé aux Archives départementales montre que, le 1er septembre 1870, l’armée française, représentée en rouge et positionnée au nord et à l’est de Sedan, est encerclée par l’armée ennemie, figurée en bleu.
Depuis le début de la matinée, les troupes françaises sont bombardées par l’artillerie allemande forte d’environ cinq cents canons et installée sur les hauteurs qui entourent la ville de Sedan. De nombreux soldats français sont tués ou blessés par des obus ou des éclats d’obus sans avoir même pu combattre. L’artillerie française, dont les canons ont une portée beaucoup plus courte que ceux de l’ennemi, ne peut répondre à ces bombardements intenses. Les quelques batteries françaises qui essaient de s’organiser pour soutenir l’infanterie sont rapidement détruites par les obus ennemis. Malgré des combats d’infanterie importants au calvaire d’Illy et des charges de la cavalerie sur le plateau de Floing, l’armée française ne peut, ni empêcher son encerclement, ni effectuer une brèche dans l’épais rideau des troupes d’infanterie allemandes. L’armée française fait en effet face à une armée deux fois plus nombreuse comprenant plus de deux cent mille hommes.
Face à ce déluge d’acier, face au feu intense des tirs de l’infanterie ennemie, l’armée française recule sur tous les fronts et effectue un mouvement de retraite vers la ville de Sedan.
Vers quinze heures, Napoléon III fait dresser un drapeau blanc sur la citadelle de Sedan mais celui-ci est vite abattu. Une heure plus tard, le général de Wimpffen, commandant en chef de l’armée française, tente d’effectuer une dernière percée en direction de Balan, dans l’espoir de pouvoir effectuer une retraite vers Carignan. Une fois encore, après de violents combats, les troupes françaises sont obligées de se retirer. Les derniers soldats français quittent Balan vers dix-sept heures vingt.
Vers dix-huit heures, le drapeau blanc flotte une nouvelle fois sur la citadelle. Les bombardements continuent encore quelques minutes puis, vers dix-huit heures quinze, les combats cessent. À la fin de bataille, les soixante-quinze à quatre-vingt-mille hommes qui restent sur pied sur les cent trente mille environ que comptait l’armée française à son départ de Chalons sont entassés dans la forteresse de Sedan, une partie sur les remparts et une autre en cohue dans la ville.
Un autre épisode marquant de la bataille de Sedan est illustré par une lithographie de l’imprimeur alsacien Frédéric Charles Wentzel qui, grâce à l’importante production de ses presses situées à Wissembourg, diffuse à la fin du XIXe siècle, ses gravures dans toute l’Europe. Si, contrairement à l’impression donnée par ce document, le roi Guillaume de Prusse ne se trouve pas au cœur des combats, il effectue bien au coucher du soleil une visite du champ de bataille. Il est alors accompagné du général en chef allemand Moltke, de son premier ministre Bismarck et de son fils le prince de Prusse. Cette représentation du roi victorieux à Sedan est importante car la défaite française à Sedan constitue un événement majeur de l’histoire de la création de l’empire allemand. Elle est célébrée jusqu’en 1919 en Allemagne lors de la journée commémorative du Sedantag (jour de Sedan).
Dans la matinée du 2 septembre 1870, l’armée française capitule. Napoléon III, avant la signature de la capitulation, sort de la ville de Sedan. Après un entretien avec Bismarck à Donchery et une courte entrevue avec le roi Guillaume au château de Bellevue, il part pour son lieu de captivité, le château de Wilhemshöhe près de Cassel. L’armée française est, elle aussi, faite prisonnière et rassemblée dans la presqu’île d’Iges. À partir du 6 septembre et pendant dix jours, les soldats français sont progressivement conduits vers des camps de prisonniers en Allemagne.
Le 3 septembre 1870, la nouvelle de la capitulation de l’armée et de la reddition de Napoléon III se répand dans Paris. Le premier ministre français, le comte de Palikao, réunit dans la nuit le Corps législatif pour une séance exceptionnelle. Jules Favre, chef de l’opposition républicaine, propose la déchéance de l’empereur et de la dynastie. La séance se termine sans qu’une décision ait été prise.
Le 4 septembre, dès onze heures du matin, une foule de cent mille à cent cinquante mille personnes s’est rassemblée sur la place de la Concorde. Les troupes chargées de défendre le Corps législatif laisse la foule traverser le pont de la Concorde et pénétrer dans le Palais Bourbon. À quatorze heures quinze, l’hémicycle est envahi. Le député Léon Gambetta entraîne alors les manifestants à l’Hôtel de Ville d’où il proclame la République. Un gouvernement de défense nationale composé de députés républicains de Paris y est également mis en place.
Le Second Empire prend fin mais la guerre, elle, ne fait que commencer.
Découvrez un casque de garde du corps royal prussien sur le site du Musée Guerre et Paix en Ardennes à l’adresse suivante https://www.guerreetpaix.fr/objets-du-mois/casque-garde-corps-royal-prusse