Victor BOURGEOIS de Fumay
Né le 17 mai 1860 à Fumay, Victor Bourgeois est employé de chemin de fer depuis plus de trente ans lors dudéclenchement de la Grande Guerre. Âgé de 54 ans, il n’est pas mobilisable, contrairement à ses deux fils et il demeure dans les Ardennes occupées avec son épouse Eugénie. Tandis que son fils Roger disparait lors de la bataille de Verdun en 1916, c’est un destin d’otage civil de représailles qui l’attend en 1918.
Les otages civils de représailles ont été un instrument de négociation de l’occupant. Suite à l’enfermement de fonctionnaires impériaux par l’armée française, l’empire allemand décide à son tour de déporter des civils, qu’il choisit parmi la population des départements occupés. C’est ainsi que deux déportations successives vont être organisées. La première de novembre 1916 à avril 1917, concerne quelque 300 personnes, majoritairement originaires du département du Nord. Tous sont déplacés vers Holzminden. La seconde, de janvier à juillet 1918 implique plus de 600 personnes. Cette fois, la majorité des hommes est acheminée vers Milejgany en Lituanie (parmi eux, 150 Ardennais), tandis que les femmes demeurent à Holzminden.
Situés à 80 kilomètres au sud d’Hanovre dans le duché de Brunswick en Allemagne, le camp d’Holzminden est un camp de prisonniers de guerre édifié pour abriter 10 000 personnes. Des baraquements, une enceinte de deux mètres de haut dominée par des miradors, tel est la description du camp faite au travers de témoignages, de dessins et de cartes postales.
Contrairement à ses compatriotes ardennais (près de 150) et nordistes qui prennent la direction du camp de Milejgany (Lituanie) en janvier 1918, c’est au camp d’Holzminden qu’il est acheminé, accompagnés d’autres agents de la compagnie de l’est de Givet. Pourquoi les cheminots de Givet se retrouvent-ils à Holzminden ? Les sources conservées aux archives départementales des Ardennes ne l’expliquent pas : deux photographies de Victor Bourgeois et une carte de vœux 1918 attestent de son passage à Holzminden. Les conditions de détention y sont précaires, le froid de cet hiver 1918 est glacial mais les prisonniers peuvent correspondre avec leurs proches restés en France, ils reçoivent également des colis.