Julien Mathieu, lettre d’un combattant de Raucourt
Fraternisation de fin d’année 1914
Relatée dans plusieurs journaux de marche et des opérations et popularisée grâce au long-métrage Joyeux Noël en 2005, la fraternisation avec l’ennemi est un fait avéré, mais qui est longtemps resté dans l’ombre. Fait impensable pour l’époque, des deux côtés du front, elle est perçue aujourd’hui comme une action pleine d’humanité.
Quelle ne fût pas notre surprise, quand, au hasard d’une contribution durant la Grande Collecte 2014, nous retrouvons cette fraternisation au détour d’une lettre, isolée parmi de nombreuses autres écrites par toute la famille Mathieu, originaire de Raucourt.
Le pli est écrit par Julien Mathieu à l’un de ses frères également combattant. Il n’est pas daté mais tout laisse penser qu’il y a eu rapprochement des combattants allemands et français :
« Les Boches ont essayé de lier conversation avec nous dans les tranchées et il a même été échangé des journaux, des cigares, de la goutte pour du pain, du chocolat et du vin mais avec mon escouade et celle de Victor, on n’entre pas dans ces combinaisons … »
On est loin de l’idéal d’embrassade et de conversation qu’on peut imaginer un peu naïvement aujourd’hui. La méfiance reste de mise. Danger pour les autorités dirigeantes, cette fraternisation a été fugace, mais les archives nous prouvent son existence. Quant à Julien Mathieu, il est malheureusement mort au combat en juillet 1915, comme deux autres de ses frères, Victor dès décembre 1914 et Eloi en juin 1915. La loi impitoyable de la guerre a repris ses droits.